En cette période de confinement j’ai voulu refaire une image déjà faite il y a quelques années mais en la travaillant un peu plus, tant au niveau de la prise de vue que du post-traitement.
L’idée de base était de créer un circumpolaire 360° de quasiment 5h d’exposition.
la photo faite en 2015 était composée de 170 images de 30″ pour une exposition cumulée de (seulement) 1h30 environ :
réalisée avec mon 5D MKII et un fisheye Samyang 8mm (à la base non prévu pour le plein format) car c’était le seul fisheye que j’avais à disposition à l’époque.
Les manques d’étoiles sur la partie gauche sont les zones où le pare-soleil de l’objectif est venu masquer l’image.
J’ai coupé ce pare-soleil pour transformer cet objectif en quasiment un fisheye circulaire.
En 2015 j’avais eu la malheureuse expérience de devoir jeter la moitié des images produites car de la buée s’était formée sur l’objectif. Cette fois-ci j’ai opté pour un système de maintient thermique afin d’éviter cette buée avec des chaufferettes et un morceau de ma combinaison d’apnée pour maintenir autour de l’objectif.
Résultat : 100% des images exploitables : 187 photos de 1’30 » pour le ciel et 6 autres pour constituer l’environnement 360°

Je vous propose de savoir comment j’ai pu faire cette image, prêts ? c’est parti :
Etape 1 : la prise de vue
Comme toujours en photographie, une bonne préparation et une bonne prise de vue c’est quasiment tout le travail de fait, bon ok, dans ce cas pas tout à fait…
Pour la prise de vue, en 2015 j’étais resté sur mon setup de base : 30″, 3200 ISO, 30″ d’expo et pleine ouverture. Voyant le résultat et l’énorme aberration de l’objectif à pleine ouverture j’ai décidé cette fois-ci de fermer beaucoup plus (F/8), de tripler le temps de pose à 1’30 » et de diminuer la sensibilité à 800 Iso.
Pour effectuer une pose de de 1’30 j’utilise un déclencheur externe qui se programme.
Première étape : faire le panoramique de l’ensemble, comme un panoramique traditionnel, en gardant les mêmes réglages que pour l’ensemble

Ensuite comme toujours en photo 360° on oriente la rotule panoramique pour réaliser le « Zénith » (le plafond). C’est là que rentre en jeu le déclencheur externe car il va s’occuper de temporiser les prises de vues.
Au bout de quasiment 5h (ok, j’avoue je suis allé dormir pendant ce temps là) il était à la 187e photo, faite un peu avant que le jour ne commence a se lever.

Etape 2 : le post-traitement
Je ne vais pas ici rentrer dans le détail du traitement des photos Astro, ça n’est pas le but, je vais donc passer rapidement les étapes pour vous donner une idée générale du processus.
Donc une fois la prise de vue terminée, j’ai tout importé dans Lightroom.
J’ai ensuite procédé au traitement d’une des images servant à l’environnement du panoramique, en choisissant celle où j’avais à la fois un peu toute la gamme de couleurs.

Ensuite et bien pour avoir une uniformité totale sur l’ensemble, j’ai simplement synchronisé les paramètres de développement à toutes les images du dossier. Une fois les images uniformisées il ne restait plus qu’a faire un export de l’ensemble, export en TIFF 16 Bits sans compression pour conserver le maximum d’information au fil des traitements, ce qui a constitué un dossier assez conséquent de 22 Go pour 187 images…
Etape 3 : constituer le Circumpolaire
Pour ça il existe plusieurs méthodes, mais le principe reste le même : empiler les images les unes sur les autres, les traînées lumineuses venant s’ajouter progressivement au fil de la procédure.
Pour simplifier celle-ci (c’est un peu lourd sous Photoshop, surtout en TIFF 16 bits…), j’utilise un petit logiciel qui s’appelle Sequator (https://sites.google.com/site/sequatorglobal/)
Ce logiciel automatise le traitement des photos d’astro, il est capable d’aligner les étoiles sur une série de photos, effectuer un filé d’étoiles ou encore pleins d’autres choses que je ne vais pas détailler ici.


Etape 4 : assemblage du panoramique
A ce stade nous avons 6 photos d’environnement et 1 photo composite du ciel, il ne reste plus qu’a assembler le tout dans un fichier panoramique 360°.
J’utilise un logiciel qui n’est plus sur le marché, ce qui est est vraiment dommage : Autopano

Pour cette étape, rien de bien inhabituel, l’export (toujours en 16 bits comme au début) nous donne un fichier final de 44 Megapixels où il reste une petite zone (le nadir) vide.
En effet lors de la prise de vue je n’ai pas cherché a faire cette vue « du pied » car d’expérience je savais que la texture était facilement ajustable sous Affinity Photo (bien meilleur que Photoshop sur l’édition des images 360°). Quelques petites correction par ci par là sur l’image finale et voilà !
Bien entendu je n’ai pas su résister à l’envie de vous faire des trucs un peu tordus…

Précisons tout de même qu’aux 5h de prise de vue s’est ajouté à peut près le même temps de traitement pour arriver au résultat final, soit plus de 10h pour 1 photo… Qui a dit qu’il suffisait de faire « clic-clac » pour avoir une photo ?